Pensées à la guerre
Elles sont pour toi, ces quelques lignes,
toi qui n’es pas mort en brave.
Les braves, les héros, j’ai vu beaucoup de stèles
construites à leur honneur, sur cette montagne
et ailleurs aussi.
Ils sont tous morts en valeureux soldats,
pour le Kaiser, pour la patrie…
Toi, mon frère, tu es mort en ayant peur.
Tu es mort par devant,
parce que tu avais peur
que l’adjudant ne te tue par derrière.
Tu as peut-être eu tellement peur
que tu es parti
Et tu es mort …pour l’exemple.
Ils sont pour toi, ces quelques mots
toi qui a crié « Maman »
quand l’obus t’a ouvert le ventre
et qui es mort en hurlant de douleur.
Ces lignes sont pour toi, toi l’Alsacien,
qui es mort sous l’uniforme allemand.
Le maire est venu dire à ta mère
« il est mort pour le Führer, le Vaterland ! ».
Et puis, après la guerre, on a écrit sur le monument
ton nom, mort pour la France.
Peut-être qu’après tout, cela ne change plus rien pour toi.
Mais on ne pouvait pas écrire
« Mort pour la bêtise des hommes »
Il y a, comme ça, vois-tu,
des choses qui ne se font pas….
Mais il y a moi, pour le penser
et j’aurais aimé te construire une stèle pour te le dire.